Recherche

Pendant mes études doctorales à l’Université de Georgetown, j’ai développé une passion pour les questions liées aux migrations internationales et leurs effets politiques, sociaux, et économiques sur les pays d’accueil des populations migratoires. Ces sujets ont rejoint mon intérêt de longue date pour l’Union européenne (UE) et la façon dont elle a transformé les politiques à travers l’Europe. Ma thèse doctorale portait sur les politiques publiques adoptées par les pays européens pour gérer les migrations irrégulières. Je travaille actuellement sur plusieurs projets de recherche indépendants et collaboratifs étudiant comment les migrants affectent les politiques et les sociétés de leurs pays d’accueil. Ci-dessous, je résume mes projets de recherche en cours ainsi que mes publications.

Publications

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Résumé

Pourquoi certaines diasporas aux Etats-Unis ont-elles établi des groupes d’intérêts ciblant les politiques étrangères du pays et d’autres n’ont pas fait pareil ? Même si certains chercheurs ont démontré que les groups d’intérêts diasporiques ont influencé les politiques étrangères américaines avec succès, nous nous posons la question pourquoi seulement certaines diasporas se sont engagées à ce sujet. Nous postulons que deux facteurs augmentent la probabilité de mobilisation des communautés diasporiques : l’expérience avec la gouvernance démocratique et l’existence d’une perturbation politique dans leurs pays d’origine qui incite une prise d’action. Nous supposons que ces conditions augmentent la probabilité que certains entrepreneurs politiques suscitent la mobilisation d’une communauté. Pour tester nos hypothèses, nous avons d’abord collecté et analysé de nouvelles données concernant tous les groupes d’intérêts diasporiques aux Etats-Unis, leurs communautés, et les caractéristiques de leurs pays d’origine. Ensuite, nous avons effectué une première étude de cas du lobby indo-américain, en nous appuyant sur les données issues des entretiens et de plusieurs sources archivistiques.

*Notre travail a obtenu le prix Martin O. Heiler Award, une récompense accordée par la Section pour les recherches sur les ethnies, les nationalismes, et les migrations (Ethnicity, Nationalism, and Migration Section) de l’Association d’études internationales (International Studies Association).

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Résumé

LES SUBVENTIONS AUX ÉNERGIES FOSSILES SONT TRÈS RÉPANDUES DANS LE MONDE ET ONT DE NOMBREUX EFFETS INDÉSIRABLES
Les estimations concernant le volume de fonds publics utilisés pour subventionner la production ou la consommation de combustibles fossiles sont stupéfiantes. En 2011, ce montant était estimé à 83 milliards de dollars dans les États membres de l’OCDE, et à près de 4 100 milliards de dollars dans le monde, en tenant compte des externalités environnementales. De nombreuses études ont démontré que les subventions nuisent à la croissance économique, sapent les investissements dans le secteur de l’énergie, augmentent la dette publique, bénéficient d’avantage aux classes les plus aisées qu’aux plus pauvres, stimulent une augmentation des activités illicites et engendrent une plus grande pollution, globale et locale.

LA DYNAMIQUE EN FAVEUR DE LA RÉFORME DES SUBVENTIONS AUX ÉNERGIES FOSSILES SE RENFORCE ET LES CONSOMMATEURS HORS MÉNAGES ONT ÉTÉ INTÉGRÉS AUX PROCESSUS DE RÉFORME
Les effets négatifs des subventions aux énergies fossiles ont conduit de nombreux gouvernements à réformer leurs politiques énergétiques. Parallèlement, un consensus international a émergé sur la nécessité de telles réformes. Bien que les éléments efficaces de programmes de réforme réussis aient été identifiés à travers des études de cas passées, la nature des réformes adoptées par plusieurs gouvernements ciblant les consommateurs hors-ménages n’a pas été systématiquement examinée.

LE CAS INDONÉSIEN : LES CONSOMMATEURS HORS-MÉNAGES DEMEURENT D’IMPORTANTS BÉNÉFICIAIRES DES SUBVENTIONS, MALGRÉ DES POLITIQUES CIBLÉES
Depuis la fin des années 1990, le gouvernement indonésien a mis en œuvre de nombreuses réformes de ses subventions aux énergies fossiles, incluant des mesures visant la consommation d’énergie à la fois des ménages et des consommateurs hors-ménages. Ce faisant, d’importantes économies fiscales ont été réalisées. Cependant, une analyse budgétaire innovante révèle que les ménages reçoivent une part minoritaire, et en déclin, des fonds de subvention aux énergies fossiles, et ce malgré le fait que des subventions ont été mises en place pour s’assurer que les ménages pauvres aient accès à une énergie peu coûteuse. Ces résultats démontrent la nécessité d’envisager les secteurs hors-ménages dans la conception des réformes de subvention aux énergies fossiles. Ils soulignent également les limites des approches conventionnelles de politique publique et des études passées des réformes qui se concentrent presque exclusivement sur la consommation des ménages.

Thèse doctorale

Comité de thèse :
Prof. Kathleen McNamara (Chair); Prof. Abraham Newman; Prof. Anna Maria Mayda; Prof. Lise M. Howard

Résumé
Quelles sont les raisons conduisant les états européens à encadrer les migrations irrégulières (illégales) plus que les autres pays démocratiques industrialisés ? Malgré les ressemblances dans leur gestion des migrations en général, pour la plupart de la période après la Seconde guerre mondiale, les pays européens et les autres pays démocratiques ont adoptés des approches divergentes pour régler les flux et les populations de migrants irrégulières. Contrairement aux stratégies qui se focalisent sur la protection des frontières, les états européens, ainsi que l’Union européenne (UE), ont adopté une grande variété de politiques publiques pour réduire l’irrégularité sur leurs territoires. C’est un facteur qui explique comment, malgré sa plus grande exposition aux migrations irrégulières, en particulier par rapport aux Etats-Unis, l’UE a accueilli moins de migrants irréguliers.

Compte tenu de ces faits, je postule que le processus de l’intégration européenne a facilité l’émergence d’une approche compréhensive ayant pour objectif le contrôle des migrations irrégulières. Même avant que les institutions de l’UE aient obtenu des compétences dans le domaine des migrations, elles ont établi un dialogue entre ses états-membres sur les enjeux migratoires et, ainsi, facilité la diffusion des politiques déjà adoptées au niveau national. Ainsi, je propose de considérer l’UE comme une forme de gouvernance confédérale influençant l’évolution des politiques publiques. Pour affirmer mes arguments, je mets en œuvre un plan de recherche joignant des méthodes quantitatives et qualitatives. D’abord, je développe des modèles économétriques de la diffusion des politiques à travers les pays et le temps. Ensuite, je fais un « traçage » du process de développement des politiques sur les migrations irrégulières au niveau des institutions européennes. Me fondant sur des données collectées sur le terrain (enquête et recherches dans le fonds des archives européennes), je testerai la validité de mes arguments par rapport aux autres explications se focalisant sur les rôles des groupes d’intérêt, des opinions publiques, des contraintes nationales et des mouvements politiques populistes. Les résultats de mes travaux avanceront notre compréhension de l’intégration européenne et du développement des politiques migratoires.

Projets de recherche collaboratifs

Résumé
Les individus connaissent-ils la différence entre les réfugiées, les demandeurs d’asile, les migrants économiques autorisés, et les migrants économiques non-autorisés ? Quelles sont leurs opinions concernant ces différentes catégories des migrants ? En les informant des distinctions entre ces catégories, changent-ils leurs opinions ? Quelles caractéristiques démographiques des individus et des migrants influencent ces opinions ? Nous appuyant sur les perspectives de recherche sur les opinions publiques en lien avec les migrants et les migrations, nous testons une série d’hypothèses à travers un sondage intégrant une analyse conjointe (paired conjoint survey experiment). Nos résultats démontrent que la population américaine est largement consciente des différentes catégories de migrants. Contrairement à nos attentes, les résultats indiquent que les américains n’ont pas de préférences entre les réfugiés et les migrants économiques autorisés. Cependant, notre demande de prendre en considération les distinctions entre ces groupes conduisait les interviewés à préférer les migrants économiques autorisés par rapport à tous les autres groupes. Ces résultats se fondent sur certaines caractéristiques démographiques des répondants comme leurs âges, revenus, extroversion, et ouverture aux nouvelles expériences.

Résumé
Comment s’explique la variabilité du soutien publique accordé aux parties politiques d’extrême-droite à travers l’Europe ? Dans ce travail de recherche, nous postulons que l’émigration des travailleurs hautement qualifiés de certains pays, régions et communautés a eu des effets politiques importants et largement ignorés. Les travaux précédents ont montré que certaines catégories de personnes – masculins, plus âgé.e.s, moins éduqué.e.s, ouvrièr.e.s – sont plus susceptibles à soutenir l’extrême-droite. Par conséquent, nous proposons que la migration des travailleurs hautement qualifiés aux pays et régions leur offrant plus d’opportunités économiques génère des impacts politiques inattendus. Plus précisément, le départ de ces personnes laisse leurs anciennes communautés plus homogènes et susceptibles aux radicalisations. Malgré le fait que les migrations internationales et nationales sont impulsées par les considérations économiques, l’émigration des travailleurs hautement qualifiés constitue une fuite des cerveaux politique. Pour tester notre théorie, nous utilisons des données démographiques, électorales et économiques pour modéliser le soutien public aux parties politiques de l’extrême-droite à travers l’Europe, et au Front national (FN) à travers les départements français. Nos résultats démontrent que les pays, ainsi que les régions infranationales, qui ont connu une émigration des travailleurs hautement qualifiés sont ceux et celles où les publics votent le plus pour les parties d’extrême-droite.

Résumé
Quelles sont les relations entre les opérations de maintien de la paix des Nations unies (ONU) et les migrations forcées ? La littérature confirme que les Casques bleus réduisent les pertes civiles dans les guerres infranationales, ainsi que le risque d’une propagation de ces guerres aux pays voisins. Cela a conduit des chercheurs à affirmer que les Casques bleus mitigent les déplacements forcés à l’intérieur des pays ainsi que vers l’étranger. Cependant, nous postulons que les effets constatés sont plus nuancés. Plus précisément, même si les Casques bleus réduisent le nombre de réfugiés qui fuient une zone de confit, ils augment le nombre de migrants à l’intérieur des pays en guerre. En assurant la sécurité dans certaines régions, surveillant les frontières des pays où ils se trouvent et déplaçant eux-mêmes des civils aux régions plus sûres, les Casques bleus conduisent ces individus à fuir les dangers à l’intérieur de leurs pays plutôt qu’à les quitter. L’analyse des données sur les opérations de maintien de la paix de l’ONU et de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) nous permet d’associer les Casques bleus dans les pays en guerre civile avec des taux des déplacements internes élevés et des déplacements internationaux bas. Nos analyses quantitatives sont complétées par une étude de cas des déplacements dans la République centrafricaine, montrant comment les Casques bleus incitent les individus à éviter la violence à l’intérieur de leurs pays.

Résumé
Comment les réfugiés et les migrants irrégulières réagissent-ils aux politiques migratoires adoptées par les pays européens et l’Union européenne (UE) ? Au cours de la dernière décennie, l’UE et ses états-membres ont essayé de réduire les influx migratoires en utilisant des politiques dit « d’externalisation », y compris l’adoption des accords de réadmission et le décaissement de l’aide publique au développement finançant des projets de renforcement des frontières des pays d’origine des migrants. Cependant, il n’est pas évident que ces politiques ont eu des effets désirés. Notre étude se concentre sur la distribution des migrants entre les territoires et selon les catégories migratoires. Nous postulons que, malgré la baisse du nombre total de migrants essayant de rejoindre l’Europe, les politiques d’externalisation ont avant tout changé les routes que les migrants prennent et ont affecté d’une manière disproportionnée les individus potentiellement éligibles au statut de réfugié dans des pays européen par rapport aux migrants irrégulières. Pour tester nos arguments, nous examinons les flux des migrants depuis 2009, une période incluant la « crise migratoire » de 2015 et, donc, propice pour l’étude de la relation entre les politiques et les migrations. En utilisant de nouvelles données sur les politiques d’externalisation européennes, ainsi que des données existantes du HCR, IOM, Eurostat, et Frontex concernant les flux migratoires, nous démontrons que la mise en œuvre de ces politiques d’externalisation a conduit les migrants à prendre des routes alternatives vers l’Europe, depuis leurs pays d’origine ciblés par ces politiques. D’ailleurs, notre étude montre que les demandeurs d’asile, essayant de rejoindre l’Europe dans cette période, étaient plus affectés. Nous complétons nos analyses quantitatives avec des entretiens conduits auprès des migrants témoignant comment ils ont pris en considération les politiques européennes pendants leurs migrations.

*Ce travail de recherche fait partie du projet MAGYC (Migration Governance and Asylum Crises), financé par le Programme de recherche et innovation de l’UE « Horizon 2020 » – Convention No. 822806.

Projets de recherche indépendants

Comment les phénomènes internationaux affectent-ils la politique nationale des états ? Dans ce travail, je postule que l’aide humanitaire délivrée pour répondre aux flux de réfugiés fuyant les guerres civiles aggrave la méfiance des citoyens des pays d’accueil, alimente leur ressentiment et suscite des troubles sociaux. En utilisant des données couvrant 206 pays pendant la période 1990-2015, je conduis des analyses économétriques pour évaluer la relation entre les flux de réfugiés, l’aide humanitaire et les incidences de violences sociales dans les pays d’accueil. Anticipant que l’aide sera associée aux troubles sociaux uniquement dans les crises migratoires d’ampleur, mes modèles incluent un terme d’interaction entre la taille des populations de réfugiées et les quantités d’aide humanitaire délivrées. Je trouve des preuves qui soutiennent mes hypothèses principales. Enfin, cette étude appelle à la poursuite des analyses plus approfondies sur la relation entre l’aide publique, les crises migratoires et les violences sociales. Les premiers résultats de mes recherches me conduisent à constater qu’une réforme de la délivrance de l’aide humanitaire, prenant en compte les inquiétudes et la vie des communautés qui accueillent les réfugiées est nécessaire.